Hommage

Le soleil reflète sa gaité dans l’eau de la rivière où naguère tu canotais ; tu as accompagné ta mère et les enfants jusqu’à ce coin de terre. Puis tu es reparti à bicyclette vers Paris, ton usine et la guerre.

Avec des camarades, tu échafaudes des projets pour éviter les serres de l’occupant, et tu t’enrôles dans les pompiers.

Tu es grand, tu es beau, tu es en pleine santé, tu as vingt ans, tu es la proie rêvée pour le travail obligatoire.

Tu es un des huit cent mille Français requis pour le STO, le Service du Travail Obligatoire, par le nazisme et Vichy.

Trois ans et demi de ta jeunesse à travailler dans une usine d’armement d’Autriche : brimades, vexations, punitions pour la main d’œuvre forcée qui remplace les combattants allemands dominant l’Europe…

Trois ans et demi privé des tiens et de leurs nouvelles…

A l’été 1945, les Américains te rapatrient en France : ton baptême de l’air… et ta réincorporation dans les pompiers où tu finis le temps interrompu en 1942 !

Tu n’as pas reparlé du STO durant ta longue vie jusqu’à une causerie de hasard en 2016 ; l’internement des prisonniers, la déportation, l’abominable Shoah pendant ce long intervalle de temps ont peu à peu été dévoilés. Mais le STO validé par des lois françaises ?

Merci Claude pour ta parole !

Claude, tu meurs et tu as parlé…  Tu as témoigné sur cet énorme gâchis commandité par l’État Français !

Pars en paix Claude, et merci pour ta parole.

Arsa

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